Concerts
2022
Concerts et jeux d’eau au Domaine national de Saint-Cloud
Samedi 12 Juin 2022 0 17h Vincent SAGAL & Kevin SEDDIKI / Entrée libre
Domaine national de Saint-Cloud
Avenue de la Grille d’Honneur 92210 Saint-Cloud
Le nouveau disque de Ballaké Sissoko et Vincent Ségal, Musique de nuit, paru le 4 septembre 2015, est magnifique.
Le premier, né au Mali dans une famille de musiciens, joue de la kora, harpe-luth d’origine mandingue répandue en Afrique de l’Ouest. Il a par exemple intégré l’Ensemble instrumental du Mali en 1981, dès l’âge de treize ans.
Le second est violoncelliste, formé en France en conservatoire – en particulier au Conservatoire national supérieur de Lyon, mais il a rapidement abordé des styles musicaux très divers, comme la musique contemporaine ou le rock. Les deux musiciens avaient déjà enregistré un très bel album en 2009, Chamber Music.
Leur nouveau dialogue musical, qu’enrichit toujours le jeu alterné du violoncelle avec ou sans archet, est d’une très grande profondeur, qui saisit immédiatement dans l’impressionnante deuxième plage (Passa Quatro) : une introduction grave et lente y est suivie d’une partie où le jeu remarquable des accents illustre la complicité des deux musiciens – les images sobres mais obsédantes des rives d’un cours d’eau accompagnent ce titre et sont facilement accessibles en ligne.
Des changements rythmiques comparables associent sur d’autres plages des moments différents, par exemple le passage, dans le premier titre (Niandou), à une pulsation rapide et très entraînante.
Sur l’ensemble du disque, les deux instruments chantent et se répondent, mais la virtuosité et la sonorité limpide de Ballaké Sissoko permettent d’entendre particulièrement sa créativité, par exemple la souplesse rythmique de son phrasé.
Vincent Ségal peut jouer une introduction comparable à un solo de contrebasse jazz, dans un rythme libre, puis, sur la même plage, accompagner la kora en obtenant avec son archet des sonorités envoûtantes (Balazando). Tout le disque se caractérise donc par une inventivité et un art de la variation qui ressortent d’autant plus que certains titres sont construits sur des motifs ou des accompagnements répétitifs (N’kapalema), parfois enivrants ou hypnotiques (Super étoile).
Une invitée remarquable figure exceptionnellement sur la cinquième plage, la chanteuse malienne Babani Koné, dont le chant beau et profond est superbement accompagné par les deux instruments (Diabaro).
Certaines surprises pourraient être décrites plus longuement – par exemple telle invention stylistique (Prélude). Il reste que l’ensemble du disque que nous offrent aujourd’hui Ballaké Sissoko et Vincent Ségal est plus qu’un très bon album.
Son audition attentive est une expérience musicale et poétique unique, dont la valeur ne peut qu’être décuplée en des temps où domine l’essentialisme, c’est-à-dire le refus de la rencontre et du métissage.
© Brice Gérard - http://www.musiquesdumonde.fr
biographie
Né en 1967 à Reims en Champagne, Vincent commence la musique à six ans dans une classe aménagée "spéciale musique".
Jusqu’au bac, il est partagé entre l’école et le conservatoire de région, puis le Conservatoire National Supérieur de Lyon. Il y obtient un premier prix à l’unanimité avec félicitations du jury.
En 1986, il part un an pour le Canada à la Banff Fine Art School grâce à une bourse d’étude.
De passage aux Etats-Unis il s’ouvre à divers courants musicaux tels que le hip-hop, le reggae, l’afro-beat, ou encore la musique industrielle. Il y fait la rencontre de Eric Bobo (Cypress Hill, Beasty Boys), Harley White (Blackalicious) et F. Black Davis (Sunkist), avec qui il forme le groupe "Papa’s Culture".Après une tournée américaine avec Chuck Brown et les P-Funk All Stars, puis un bref passage à l’Opéra de Lyon, il s’installe à Paris.
Son travail s’oriente vers la musique contemporaine (IRCAM, Villa Medicis, Olympic Gramofon) et les musiques extra-européennes (Cesaria Evora, Nana Vasconcelos, Carlinhos Brown, Mama Ohandja, Tama...), mais aussi le jazz (Glenn Ferris, Urban Mood...) et le hip-hop (Puppa Leslie, Mad Professor, DJ Mehdi), ou encore le rock et et la chanson (M, Ben Harper, Vic Moan, Franck Monnet, Alain Bashung, Thomas Fersen, Vanessa Paradis, Steve NaÔve...).
Discographie (non exhaustive) :
Elvis Costello Participation à l’album "cruel smile" (2003, Island Records).
Glenn Ferris Trio. Trois Albums : "Refugees", "Flesh and Stone", "Face Lift" (Enja Records).
François Merville Quintet. "La part de l’ombre" (Emouvance, Harmonia Mundi).
Dick Annegarn. "Dick Annegarn au Cirque d’Hiver" (Tôt ou Tard, Warner).
Traffic Quartet. "Un héros très discret", musique du film de Jacques Audiard.
Urban Mood. "Urban Mood" (Night and Day).
Cesaria Evora. "Cabo Verde" (BMG).
Carlinhos Brown. "AlphaGamabetiZado" (EMI Odéon, Delabel).
Reportage Photos : © Salah Mansouri