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BIOGRAPHIE
Se jouer des frontières musicales est un art à part entière pour Piers Faccini, qui puise depuis toujours son inspiration à la lisière des cultures et des langues.
Le singer-songwriter italo-britannique – et français d’adoption – fait partie de ceux qui, d’emblée, ont trouvé leur voix et n’en ont pas dévié. Œuvre d’une impressionnante maturité, Leave No Trace avait posé en 2004 les fondations d’une écriture rétive à tout maniérisme, mais capable de concilier dans un même élan les traditions les plus éparses.
Sur son cinquième album – chanté en français et en italien le temps de deux titres – c’est à l’exploration d’une géographie plus secrète qu’il se livre. Et pour y parvenir, il a du se plier à une exigence ignorée de la plupart de ses contemporains.
L’authenticité, Piers Faccini n’en a cure. Lui n’est en quête que d’une chose : la vérité de son art et de sa pratique. Et plutôt que de faire étalage de ses moyens considérables, il a choisi de déposer les armes et de s’y frotter seul, dans son mazet aménagé en home studio sur les contreforts des Cévennes. Plus dépouillées que jamais, ces dix chansons d’amour sont avant tout l’œuvre d’un plasticien qui, plutôt que d’élargir sa palette, a choisi d’approfondir son nuancier pour faire émerger les motifs premiers de son œuvre.
Les compositions s’arc-boutent sur des guitares acoustiques et la contrebasse de Jules Bikoko, tandis que la Brésilienne Dom La Nena prête son violoncelle et sa voix à une poignée de titres. Faccini reste toutefois l’homme-orchestre de cette affaire où piano, harmonium et kora offrent un délicat contrepoint à une électronique discrète.
« I was the skin for your thorns the pale light for your bloom » (J’étais la peau de tes épines, la pâle lueur de ta floraison) chante le narrateur de Black Rose : d’une intimité troublante, presque radicale, le ton est donné.
Après avoir rêvé pendant des années de produire une série de chansons dont la seule raison d’être serait leur absolue nécessité, Piers Faccini savoure aujourd’hui la liberté de n’avoir à répondre à personne d’autre qu’à lui-même pour la première fois de sa carrière : Between Dogs And Wolves sort chez Beating Drum, son tout
nouveau label. Pour ses admirateurs de longue date, ce travail d’épure quintessencie une écriture à la riche austérité. Pour qui ignore tout de sa musique, c’est aussi la plus généreuse des introductions.
reportage à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris avec : JASSER HAJ YOUSSEF par © salah mansouri
© salah mansouri