concert
2016
JEUDI 31 MARS à MARSEILLE à l’ Auditorium de la Timone - Faculté de médecine
l’intégralité des bénéfices sera reversée à SOS MEDITERRANEE.
Programme : "Refus de l’indifférence"
Wolfgang Amadeus Mozart
Fantaisie en ut mineur K.475
Rondo en ré majeur K.485
Franz Liszt
Sonate en si mineur
SOS MEDITERRANEE est une association lancée en 2015 par un groupe de citoyens européens face à la tragédie des noyades de migrants en mer Méditerranée (3771 morts en 2015, sur une route devenue la plus dangereuse pour les migrants). L’association est apolitique avec un seul impératif : sauver des vies en mer.
BIOGRAPHIE
Miguel Angel Estrella est né dans la province de Tucuman, au nord de l’Argentine.
Dans le village de son enfance, Vinará, la culture précolombienne a laissé des traces encore perceptibles aujourd’hui : le sens chrétien de la vie et le goût du merveilleux qui imprègnent profondément les traditions ancestrales latino-américaines.
Il a la révélation du piano à l’âge de douze ans, à travers Chopin. « Ce n’est qu’avec de fortes racines que tu pourras voler très haut... » lui dit sa mère. Il devra cependant attendre l’âge de dix-huit ans pour étudier au conservatoire de Buenos Aires avec Orestes Castronuovo, Erwin Leuchter et Celia de Bronstein.
En 1965, il se rend pour la première fois à Paris et à Londres. Vlado Perlemuter, Yvonne Loriod, Marguerite Long et, surtout, Nadia Boulanger, y seront ses maîtres tandis qu’il enseigne à son tour et fait partie de jurys de concours, en Argentine comme à l’étranger. Il donne des concerts en Bolivie, au Brésil, au Chili, au Mexique, au Panama, au Paraguay, en Uruguay et au Venezuela, ainsi qu’en Europe, aux U.S.A. et au Canada.
« Miguel Angel Estrella est un musicien né » dira de lui Nadia Boulanger. « Son interprétation se caractérise par une très grande économie, une puissance contenue, un goût infaillible, une authenticité absolue et un refus de l’emphase. Miguel Angel est un admirable pianiste, mais c’est aussi et d’abord un poète. »
Ses convictions humanistes l’incitent à élargir son auditoire en se produisant auprès des publics défavorisés : travailleurs, paysans, indiens, qui réagissent avec pureté et naturel à l’écoute de cette musique dite "classique". Ces expériences amènent Miguel Angel Estrella à participer aux activités culturelles du syndicat des ouvriers de la canne à sucre du nord de l’Argentine. C’est ainsi qu’il accepte de devenir délégué de la Fédération Indienne de sa province, à l’étranger.
Son répertoire est loin d’être conformiste : dans le même concert, Rameau, Messiaen, Bach ou Beethoven se mêlent à des pièces du folklore latino-américain. Il témoigne en toute occasion du profond respect que lui inspirent Aguirre, Guastavino, Piazzola ou Yupanqui.
« Estrella est un virtuose intelligent et profond » écrit J. Ledesma, dans La Prensa, de Panama. « Quand il commence à jouer, une atmosphère presque magique s’empare de la salle. Estrella nous fait pénétrer dans les profondeurs saisissantes de Beethoven, et nous conduit à l’essence même de ce qui unit le genre humain : le recueillement spirituel ».
Dans le même sens, Jacques Lonchampt, du Monde, ajoute « Sans concessions au brio chevaleresque, son interprétation à l’accent ferme, calme et viril, d’un combat grave, avec des instants de douceur d’une noblesse extrême, tandis que le largo s’immerge dans une prière candide, abandonnée, poignante comme une bénédiction dans la solitude, peut-être une image de cette espérance contre toute espérance, qui ne l’a jamais abandonné. »
Artiste non conventionnel , c’est un éclectique fier de ses racines , il s’élève contre l’utilisation commerciale de la musique et l’esprit de compétition qui oppose les musiciens entre eux.
Cette attitude irrite certains milieux proches de la dictature militaire alors au pouvoir en Argentine. Pour avoir offert la musique aux plus humbles et aux plus démunis, Miguel Angel Estrella se voit refuser de travailler dans son propre pays.
Avec sa famille, il cherche provisoirement refuge en Uruguay. Le Mexique et le Canada lui proposent du travail. En 1977, à la veille de son départ d’Uruguay, il "disparaît".
Une vaste campagne de solidarité se développe alors sous l’impulsion d’Yves Haguenauer, de Nadia Boulanger, de Yehudi Menuhin et d’Henri Dutilleux, réunissant des centaines de musiciens et d’amis du pianiste. Grâce à l’effort des Nations Unies, de l’UNESCO, du Vatican, de l’Association Internationale des Juristes, de l’Aidà et de plusieurs organisations des Droits de l’Homme qui se sont mobilisés pour lui sauver la vie, la dictature se voit obligée de légaliser sa situation. Il est alors transféré à une maison d’arrêt officiel.
Cependant, il ne récupère sa liberté qu’en 1980. La France l’accueille avec sa famille.
Marqué par cette expérience, Miguel Angel Estrella fonde le 10 décembre 1982 Musique Espérance dont la vocation est de mettre la musique au service de la communauté humaine et de la dignité de chaque personne ; de défendre les droits artistiques des musiciens ? en particulier des jeunes ? et de travailler à construire la paix en rendant à la musique son rôle de pont pour la communication et la solidarité entre les hommes et les peuples.
Depuis 1992, Musique Espérance est une O.N.G. reconnue par l’UNESCO. Miguel Angel Estrella continue à partager sa vie entre le public des salles de concerts et celui des lieux habituellement éloignés des actions artistiques.
Il donne une centaine de représentations chaque année au Moyen-Orient, en Afrique, dans les pays de l’Est et au travers de ses deux patries, l’Amérique Latine et l’Europe.
Il est chaleureusement accueilli partout : au Théâtre Colon de Buenos Aires comme à la salle Pleyel de Paris ; dans les maisons de retraite, les prisons, les écoles, les usines et les campagnes.
Le Gouvernement français rend hommage à ses qualités d’artiste et d’humaniste en le faisant Chevalier de la Légion d’Honneur.
En décembre 2000 ? pour avoir dédié son piano aux plus démunis ? le Haut Commissariat aux Réfugiés lui a décerné la Médaille Nansen, Prix international de la Paix des Nations Unies, au titre des Trois Amériques.
Avec le concours de Jean Lacouture, Miguel Angel Estrella a écrit un livre : Musique pour l’Espérance, paru en français aux Editions CANA et en espagnol aux Ediciones de la Flor. Une nouvelle version enrichie est parue en 1998 aux Editions du Seuil.
De nombreux articles et entretiens lui ont été dédiés, notamment son Portrait près d’un piano, par Graciela Carminatti de l’Université Libre de Mexico, aux Editions Ouvrières, et Musiques pour tous, par le courrier de l’UNESCO.
Miguel Angel Estrella a participé à de nombreux colloques internationaux à propos des Droits de l’Homme ou des Droits des Enfants, notamment en Corée, au Conseil de l’Europe, à Porto-Nuovo, à Gdansk, à Athènes, Bruxelles, Strasbourg, Montréal, Ottawa, Mexique, Buenos Aires, Montevideo, avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et avec le Parlement Mondial pour la Sécurité et la Paix.
« Deux siècles après sa mort, Mozart ressuscite sous le jeu vertigineux d’Estrella. » écrit à son tour Jean-Marc Raffaelli du Nice Matin.
« Sa virtuosité ne confine jamais à l’emphase. Sous la vague légère de ses doigts, les notes éclatent comme des ballons de (...) retomber en pluie sur nos cordes sensibles. Elles nous rendent nostalgiques jusqu’à former des tannes intérieures. Derrière, l’orchestre est attentif. Le deuxième mouvement du Concerto est infini de douceur. Les mains de Miguel Angel Estrella suspendues au-dessus du clavier, ses silences suspendus, intenses, c’est encore du Mozart... L’émoi est à son comble. Lorsque la dernière note meurt l’ovation explose. »
Ses enregistrements d’œuvres de Bach, Brahms et Beethoven ont été choisis par la Tribune des Critiques du Disque comme versions de référence.
Miguel Angel Estrella poursuit sa carrière internationale en donnant une centaine de récitals par an dont la moitié au bénéfice des déshérités.
Photo de E. Baud}