"Une Vie ,une oeuvre "
"Une Vie ,une oeuvre " sur France culture consacrée à :
Maria Casares ,le 9 février 2019 de 15h a 16h une production de myriam Guilhot
Participants :
Florence M.-Forsythe, biographe et amie de Maria Casarès. A écrit notamment : Maria Casarès, une actrice de rupture, Actes Sud, 2013 ; Tu me vertiges, l’amour interdit de Maria Casarès et d’Albert Camus, Le Passeur éditeur, 2017.
Dominique Marny : petite nièce de Jean Cocteau.
Ariane Dollfus : biographe de Maurice Béjart.
Jorge Lavelli, metteur en scène de Maria Casarès.
Olivier Py, directeur du festival d’Avignon.
Johanna Zilberstein : directrice de la maison du comédien Maria Casarès.
Textes lus : Nada Strancar.
Maria Casarès
femme libre et actrice de rupture
Par Myriam Guilhot, réalisation Lionel Quantin
"Maria Casarès, née le 21 novembre 1922 à la Corogne, est non seulement une immense tragédienne, mais aussi une exilée qui aura dû fuir à 14 ans la guerre civile espagnole. En 1931, elle quitte sa Galice natale pour aller vivre à Madrid avec ses parents, son père Santiago Casares Quiroga venant d’être nommé ministre dans le gouvernement de la Seconde République espagnole. Alors que la guerre d’Espagne débute, les événements se précipitent, et Maria et sa mère doivent quitter Madrid pour la France, le 21 novembre 1936. Le lendemain la capitale tombe aux mains des franquistes. Les deux femmes sont accueillies à Paris par un couple de comédiens, l’actrice Colonna-Romano et Pierre Alcover, des sympathisants républicains espagnols. La jeune réfugiée entre dans la classe de Béatrix Dussane au Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique de Paris. En 1942, elle est engagée au théâtre des Mathurins dirigé par Marcel Herrand et Jean Marchat. C’est l’Occupation et au Mathurins, elle rencontre Albert Camus dont elle sera l’interprète. Leur passion connaîtra des épisodes de ruptures et de réconciliations, mais restera intact jusqu’à la mort de l’écrivain comme le montre Florence M.-Forsythe, amie et biographe de la comédienne.
Maria Casarès est une actrice de rupture. Son énergie tellurique fascine, sa recherche au théâtre est incessante. Au cinéma, Maria tourne quatre films cultes : Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, Les Dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson, La Chartreuse de Parme de Christian Jaque. Jean Cocteau l’imortalise le visage de la Mort du poète Orphée, nous dit Dominique Marny, petite nièce de Cocteau. Auparavant, Maria Casarès aura été l’Amoureuse des Epiphanies d’Henri Pichette aux côtés de Gérard Philipe. Après un passage éclair à la Comédie-Française, Jean Vilar lui propose le rôle de Lady Macbeth pour le 8ème Festival d’Avignon et elle entre dans la troupe du T.N.P.
Puis, électron libre, Casarès est choisie par les créateurs de la modernité et de l’avant-garde qui la sollicitent : Maurice Béjart lui écrit le ballet Nuit Obscure pour la cour d’Honneur du Palais des papes en 1968, comme le relate Ariane Dollfus, biographe de Maurice Béjart. Casarès est La Mère dans Les Paravents de Jean Genet. A une période où le brechtisme revisité par les tenants de la distanciation gagne du terrain sur la scène française, « la Casarès », tout à la fois, crée des engouements ou irrite mais dans tous les cas, poursuit ses explorations théâtrales auprès des metteurs en scène de la modernité, parmi lesquels l’argentin Jorge Lavelli. Patrice Chéreau la fait jouer et Bernard-Marie Koltès écrira pour le théâtre après avoir vu Maria Casarès dans Médée. En 1976, après la mort de Franco, Maria retourne pour la première fois à Madrid pour jouer une pièce de Rafael Alberti. De retour en France, elle épousera André Schlesser qui lui donne la nationalité française tout en gardant son statut de refugiée espagnole. Elle rédige ses mémoires sous le titre Résidente privilégiée. Maria Casarès monstre de théâtre et actrice iconoclaste ne cesse de vivre ardemment et en toute liberté la grande aventure du théâtre, passant du théâtre de La Colline au Centre Dramatique National de Gennevilliers où Bernard Sobel crée pour elle Hécube d’Euripide qui lui vaut son Molière ; Bruno Bayen la met en scène dans Elle de Genet et elle retrouvera Sobel dans une version du Roi Lear.
Epuisée, elle continue sans relâche, signe un nouveau contrat au théâtre de la Colline. C’est dans la nuit du 22 novembre 1996 qu’elle s’éteint dans sa Maison de la Vergne en Charente, devenue aujourd’hui la Maison du comédien Maria Casarès."