concert
2022
Mer 18 Mai 2022 au Rocher de Palmer à Cenon
Biographie officielle
Deux groupes ont marqué la scène antillaise de ces vingt dernières années : Kassav’ et Malavoi.
Si le premier a clairement créé un nouveau genre, le zouk, Malavoi est pour sa part plus indéfinissable. Car sa force est d’avoir su moderniser les vieux rythmes des Antilles françaises (époque foulards et madras), en leur insufflant des accents de salsa.
Au début des années 70, on constate que la musique martiniquaise est en perte de vitesse au profit de la salsa cubaine ou du compa haïtien qui font un malheur auprès de la jeunesse, laquelle se détourne des rythmes traditionnels, considérés comme trop désuets et trop peu dansants.
Issus du quartier des Terres-Sainvilles à Fort-de-France, capitale du département français de la Martinique, quelques amis musiciens, emmenés par le violoniste Emmanuel "Mano" Césaire, prennent alors l’initiative de créer un ensemble musical qui mêlerait ces vieilles danses antillaises (mazurka, biguine, quadrille…) à de nouvelles influences dont la salsa et même le jazz. A cette même époque, l’identité politique antillaise est en plein renouveau et le patrimoine culturel, dont la musique fait partie, est un vecteur essentiel pour sensibiliser la population à ce problème.
Initialement formé de quatre violonistes dont Mano Césaire, Jean-Paul Soïme, et Christian de Negri, d’une section rythmique avec Denis Dantin à la batterie, et Marcel Rémion à la basse, le groupe naît en 1972 sous le nom de Malavoi.
Variété de canne à sucre, Malavoi fut aussi le nom d’une rue sur l’île de Gorée au large du Sénégal, d’où les esclaves partaient pour les Amériques.
A la fin des années 60, certains des membres avaient déjà joué dans un groupe d’écoliers du lycée Schoelcher de Fort-de-France, les Merry Lads. La plupart avait fréquenté l’école de musique de Colette Franz dans les années 50.
Dès ses débuts, Malavoi reprend donc de vieux airs antillais remontant parfois aux années 30 et 40, et leur insuffle une nouvelle énergie. Afrique, Brésil, Caraïbes, jazz, toutes les influences sont utilisées et savamment mêlées. Le succès est immédiat auprès du public.
Au son des violons, qui est la caractéristique du groupe, la population martiniquaise redécouvre toute une tradition musicale. Malavoi enregistre quelques 45 tours ("Albè", "En lè mon là") et enflamme les bals antillais. Assez vite, la formation s’enrichit de cuivres : deux trombones et un saxophone (Bib Monville). Le pianiste Paulo Rosine rejoint aussi le groupe dont il va devenir un des piliers.
Quant aux chanteurs, ils changent souvent et durant ces premières années, se relaient : Pierre Pastel, Maurice Marie-Louise, Raymond Mazarin, Pierre Jabert ou Julien Constance. Tous ou presque, travaillent parallèlement à leur activité musicale.
En 1978, sort leur tout premier album, "Malavoi". La voix sensuelle qu’on y découvre et qui demeure encore aujourd’hui une des plus belles des Antilles est celle de Ralph Thamar. Cependant cette année-là, le groupe s’essouffle un peu. Leur succès et leur notoriété sont énormes en Martinique, où plus d’un bal n’a lieu sans eux ! Leur répertoire est essentiellement constitué de reprises, et les musiciens sont un peu las de jouer toujours la même chose. Ils ont l’impression de délaisser leurs propres compositions et de ne plus vraiment se consacrer à ce qui leur plaît. Un dernier bal a donc lieu en 78 au Lamentin, ville de la côte Est de la Martinique. Puis, Malavoi cesse toute activité pendant trois ans.
C’est par un grand concert à Fort-de-France que Malavoi renaît en 1981.
Cette fois, Paul Rosine est devenu le chef d’orchestre du groupe. Il a, à cette époque, l’idée d’une formation d’une dizaine de violons. Finalement, subsistent les quatre violons d’origine à l’exception de Denis Dantin remplacé par Philippe Porry. La nouveauté, c’est le violoncelle tenu par Jean-José Lagier.
Avec des congas, bongos, une basse, une batterie et un piano, Malavoi reprend donc le chemin des concerts face à un auditoire qui ne l’a pas oublié.
Entre temps, est né un autre groupe antillais, Kassav’, qui devient le chef de file du Zouk, nouveau style musical extrêmement dansant né aux Antilles en ce début des années 80.
Complémentaires, ces deux groupes deviennent les ambassadeurs de la culture musicale antillaise.
A cette période sort l’album « L e vieux couple » et juste après, en 82, l’album qui va vraiment lancer le groupe avec, entre autres, les titres « la Filo », « caresse mwen » qui sont des standards incontournables jusqu’à aujourdhui.
Dès sa reformation, Malavoi voit sa notoriété dépasser le cadre des Antilles. La France métropolitaine devient vite sensible à ces rythmes chaleureux, festifs et tendres à la fois.
De plus, la communauté antillaise en France est très importante. Un nouvel album sort en 1983, "Zouel", avec toujours Ralph Thamar au chant. Sur ce disque, on trouve aussi "Caressé moin" chantée et signée par la chanteuse et journaliste, Marie-Josée Alie. Ce titre est désormais un des classiques de la chanson antillaise.
En 1983, Malavoi est présent au festival du Printemps de Bourges en France.
Leurs tournées les mènent aussi au Brésil et en Colombie pour le festival caribéen de Carthagène.
Ils se voient également décerner le Maracas d’Or, prix remis à Paris à un artiste africain ou antillais.
Enfin, la réalisatrice martiniquaise, Euzhan Palcy, leur commande la musique de son film "Rue Case Nègres".
Désormais lancés dans de nombreuses tournées, ils font une de leurs premières scènes parisiennes en 1984 au Théâtre de la Ville où ils restent huit jours. Par la suite, ils joueront presque chaque année dans la capitale française. Du 29 avril au 4 mai 1985, ils montent sur la scène de l’Olympia, la plus prestigieuse des salles parisiennes.
Vers 1985, ils quittent leur maison de disques spécialisée dans la musique antillaise, Georges Debs, pour intégrer un label métropolitain, Déclic Blue Silver, dirigé par Eric Basset qui restera leur producteur jusqu’à aujourd’hui. En 1986, sort leur cinquième album, "Case à Lucie". En dépit de leur imposant succès et de la percée impressionnante du courant Zouk, ce disque prouve que Malavoi ne perd rien de son âme et des choix culturels qu’il défend depuis quinze ans déjà.
En avril 1987, le groupe monte sur la scène du Zénith face à un public enthousiaste de 4000 personnes. Un album est tiré de ce concert. Toujours en avril, ils sont de retour au festival du Printemps de Bourges, puis s’envolent pour une tournée qui traverse le Brésil, l’Equateur et le Canada. En juillet, c’est au Centre des Arts de Point-à-Pitre en Guadeloupe que le groupe retrouve le public antillais.
Le chanteur Ralph Thamar quitte Malavoi en 1988 pour entamer une carrière en solo. Il est remplacé par Pierre-Michel "Pipo" Gertrude qui très vite s’adapte à un répertoire écrit pour son prédécesseur. Les tournées 88 mènent le groupe à la Nouvelle-Orléans, au Québec, mais aussi en Europe, et particulièrement en France, où ils visitent une vingtaine de villes. Ils retrouvent la scène de l’Olympia du 5 au 8 mai, et du 13 au 15. Un sixième album paraît en 88, "Jou Ouvè". Puis, en 1989, c’est l’album « Souch » qui leur ouvre la porte du Japon où ils vont effectuer une tournée de 4 dates lors desquelles ils font un malheur en fin d’année. Dans la foulée, c’est au Parc Gorki de Moscou qu’ils reçoivent un excellent accueil.
Dès janvier 90, ils sont à nouveau de retour à Paris au Zénith avant de revenir en novembre au Bataclan du 2 au 10 pour fêter leurs vingt ans de carrière.
A cette occasion, ils sont quatorze sur scène et Tony Chasseur a rejoint Pipo Gertrude comme chanteur du groupe. Autour d’un noyau initial, qui lui-même connaît de nombreux mouvements internes, les invités ne cessent de se croiser sur les scènes où se produit Malavoi ; la plupart des grands artistes antillais ont au moins une fois travaillé avec eux.
Cet échange permanent entre les chanteurs et musiciens antillais et Malavoi fait l’objet d’un album en 1992, "Matebis", qui signifie en créole "école buissonnière". Les titres sont signés par des membres du groupe, mais aussi par des auteurs traditionnels tels Loulou Boislaville. Parmi les nombreux invités, on trouve Tanya Saint-Val, Edith Lefel, Jocelyne Béroard (chanteuse de Kassav’), Kali et le Haïtien Bethova Obas. Cet album est suivi de nouvelles tournées dont un passage à New York avant l’été.
Puis au cours du mois de juillet, Malavoi est convié à l’Elysée, résidence du Président de la République française, pour jouer devant François Mitterrand et son invité, Abdou Diouf, Président du Sénégal.
Fin juillet, ils font quelques concerts sous le grand carbet du Parc Floral de Fort-de-France. Kali et le pianiste Mario Canonge font partie de la fête. Puis du 23 au 25 octobre, c’est à nouveau au Bataclan que Malavoi recrée l’ambiance d’un vrai bal antillais. Durant les semaines suivantes, le groupe s’installe quelques temps sur l’île de la Réunion.
Au milieu des tournées internationales, le groupe trouve le temps de jouer pendant quelques semaines tous les vendredis soirs dans un club de Rivière-Salée, chez eux, en Martinique.
Début 1993, Malavoi perd un de ses piliers en la personne de Paulo Rosine qui meurt le 31 janvier d’un cancer à l’âge de 45 ans. Compositeur, arrangeur, musicien exceptionnel, Paul Rosine n’avait jamais quitté son poste de fonctionnaire à la préfecture de Fort-de-France. De 86 à 89, il avait été vice-président de la commission d’identification des œuvres à la SACEM (Société des Auteurs et Compositeurs), organisme qui lui avait décerné un prix à l’examen d’arrangeur en 1988. Sa disparition représente une perte énorme pour la musique antillaise et pour le groupe au sein duquel il avait imprimé son style et son talent d’une façon inoubliable. Ce deuil est vécu par tous les Martiniquais qui le 30 avril se pressent à l’hommage que lui rend Malavoi et de nombreux artistes antillais au Palais des Sports de Paris. Quelques jours plus tard, c’est sous le grand carbet du Parc Floral de Fort-de-France qu’a lieu un nouveau concert en son souvenir.
Paul Rosine est remplacé par José Privat qui prenait déjà parfois sa place lorsque la maladie l’empêchait de monter sur scène. Deux nouveaux violonistes originaires de France métropolitaine intègrent également la formation : Jean-Luc Pino et Daniel Dato. Tous deux remplacent Patrick Hartwick qui quitte la Martinique, et Mano Césaire qui quitte le groupe. Malavoi reprend alors les tournées autour de l’album "Matebis". Après les Antilles et la Guyane française, le groupe est de retour à l’Olympia les 10 et 11 septembre, point final de sa tournée.
En 94, "An Manniman" ("le monument") est le premier album après la disparition de Paulo ; malgré le choc de celle-ci, le groupe continue et il se produit notamment à New-York, la Nouvelle Orléans et bien entendu à Paris.
Travailleurs acharnés et réguliers, le groupe sort un nouvel album en 1996, "Shè Shé", dans l’élaboration duquel le violoniste Jean-Paul Soïme a pris une part prépondérante. Cet album est entièrement construit autour des souvenirs d’une vieille antillaise. Trois nouvelles voix enrichissent le son du disque, Lindsay Charnier (originaire de la Réunion), Valérie Odina et Joëlle Vielet, toutes deux de la Martinique.
En parallèle aux commémorations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France organisées en 1998, Malavoi revient avec "Marronage" suivi l’année d’après par "Flech Kann".
En 2000, la Sacem lui décerne le Grand Prix de la musique traditionnelle, et en 2001, Malavoi enregistre un nouvel album live au Club Med World à Paris.
Aux inévitables compilations dont leur répertoire fait régulièrement l’objet vient s’ajouter "Les Instrumentaux" en 2006. Quelques mois plus tard, en mars 2007, le groupe retrouve en Guadeloupe son ancien chanteur Ralph Thamar pour deux concerts exceptionnels. Le 9 août 2007, la formation antillaise est à nouveau endeuillée par la disparition de Jean-Paul Soïme, l’un de ses violonistes fondateurs.
Depuis 2007, Ralph Thamar a repris sa place de chanteur au sein du groupe et on peut parler d’une véritable renaissance de Malavoi.
En 2009, ils enregistrent un nouvel album « Pèp la » et, durant ces années, on les retrouve un peu partout, à la Réunion, au Festival de Sète, à Paris à la Cigale, au Zénith, au New Morning, à l’Alhambra ; ils ouvrent la Fête de la Musique 2011 au Ministère de la culture dans les jardins du Palais Royal, et réunissent plus de 40 000 personnes place de la Savane à Fort-de-France au nouvel an 2009.
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