Concerts
2020
Au BIS - Biennales Internationales du Spectacle 2018, Extraits du concert de LABELLE le 17 Janvier 2018
reportage au Babel Med Music 2016
avec Mustapha Terki , Labelle ( Prix Musiques de l’Océan Indien ) et Wesli Louissaint © Salah Mansouiri
Biographie officielle
Ethnofuturiste. Le terme semble prendre tout son sens à l’écoute du premier album de Labelle. Comme si l’artiste avait trouvé cette fameuse faille spatiotemporelle et nous baladait entre un hier ancestral quasi mystique et un futur positivement rassembleur, entre un ici urbain et un ailleurs tribal (et vice et versa).
Car l’ici de Labelle est multiple : à Rennes où il a grandi entre un grandfrère dingue de techno, une mère écoutant JeanMichel Jarre et un père l’initiant aux rythmes réunionnais et dans cette île de l’océan Indien berceau du maloya, La Réunion.
Syncrétique, elle l’est donc résolument, la musique de Labelle. Elle convoque ses racines métissées réunionnaises, le maloya, la musique traditionnelle africaine et indienne et la techno de Détroit qui le fascine depuis l’adolescence, pour accoucher d’une forme culturelle nouvelle flirtant avec l’universalité.
Mais tout ça, c’est ce qu’on se dit après, en cherchant à mettre des mots sur l’expérience.
Car la musique de Labelle se vit comme une expérience. Celle d’un accélérateur d’imaginaire. Qu’elle soit chantée ou déclamée, dans la tradition des fonnkèrs réunionnais, rythmée et très électro ou plus expérimentale, elle surprend par sa capacité à camper des ambiances, poser des paysages, des scènes de vie.
On sentirait presque les effluves d’épices s’échapper d’une vieille échoppe. Elle surprend aussi par l’introspection qu’elle génère.
Comment ce jeune « instrumentiste de l’ordi », d’une humilité désarmante, en est il arrivé à cette étonnante alchimie ? L’aventure musicale commence par le DJing, à Rennes.
Labelle a 14 ans et joue des morceaux de techno de Détroit. Rapidement, il se tourne vers la techno tribale, séduit par la complexité rythmique et cet appel à la transe, proche du maloya paternel. Dès le départ, il conceptualise ses DJ sets et celui qu’il a joué lors du Tremplin Jeunes Talents Electro à Astropolis, à 18 ans, recèle sans doute déjà les prémisses de ses futures compositions en mêlant électro, bruit de vagues et un morceau de Danyèl Waro.
Voyageant régulièrement à La Réunion, Labelle a toujours souhaité mêler ses deux cultures. Tout comme il a toujours souhaité enrichir son univers créatif de rencontres.
Titulaire d’un master en musique obtenu à Paris 8 et musicologue, il partage volontiers ses connaissances au sein de conférences et masterclass et a fondé un collectif d’artistes, « Eumolpe », répondant à sa soif d’échange et d’expérimentation.
C’est une soirée basée sous ce double signe qui lui a valu une programmation aux Transmusicales, en 2010. Alors qu’il assure un set à l’Ubu entre DJ Bone de Détroit et
l’ethnomusicologue et DJ, Brian Shimkovitz, il est repéré par JeanLouis Brossard, qui en fera son coup de cœur.
Deux ans plus tard, il se produit aux Electropicales à La Réunion et s’y installe. D’autres rencontres viennent alors nourrir sa création, celle de Kid Kréol et Boogie, artistes plasticiens travaillant sur l’imaginaire créole, Hasawa, auteur du Fonnkèr présent sur Magnoumako, ou encore le Sudafricain Néo avec qui il enregistre un des morceaux de Ensemble lors d’une tournée.
Si chacun des morceaux de l’album est né avant tout d’une sensation, leur création a donné lieu à un méticuleux travail de découpage sonore, technique héritée de ses
années de formation au CICM (Centre de recherche Informatique et Création Musicale) et de l’expérience acquise au sein du groupe d’improvisation « Unmapped ».
Labelle a créé pour de multiples occasions (jeux vidéos, film, exposition, jingle radio), réalisé des remixs pour le compositeur de musique contemporaine Jacopo Baboni
Schilingi, joué comme instrumentiste DJ pour des pièces de musique électroacoustique et partagé la scène avec des grands noms de la scène électronique mondiale ( Scan 7, DJ Bone, Murkof ou encore Robert Henke).
Depuis la sortie de son premier album, il n’a cessé d’explorer les multiples facettes de sa créativité, composant pour un cinéconcert autour des films de Jean Rouch avec le collectif Constellation et l’illustratrice Christelle Enault, apportant sa contribution à plusieurs albums ou EP (Yakaza « Gen », A.K. Müzik en Turquie, CrossPoint au Japon, « Starfish EP » d’Aron Ottignon, pianiste de Woodkid pour qui il a remixé le titre « Rivers », « Na Kiend Songo » sur le nouvel album du rappeur burkinabé Art Melody), ou encore enveloppant les créations des chorégraphes Eric Languet et Didier Boutiana de son univers sonore.
Il s’est également produit sur de belles scènes : 35e Rencontres Transmusicales de Rennes en 2013, Sonar Kollektiv Festival à Berlin en 2013, Nuits Sonores à Lyon en
2014, Clandestino festival en Suède en 2014, sans oublier les scènes de la Réunion où il a assuré la première partie de Woodkid au Kabardock et celle, oh combien symbolique pour lui, de Danyèl Waro au K, avant d’avoir les honneurs du Téat Plein Air.
Fin 2014, il s’est vu récompensé du trophée du meilleur artiste de musique électronique aux Voix de l’Océan Indien et le clip de son titre « Lait Sacré » réalisé par Pixeldealer avec Kid Kréol et Boogie y a également obtenu le titre de meilleur clip de l’année.
Lauréat du Prix Musiques de l’Océan Indien fin 2015, Labelle tournera en France hexagonale en 2016 (notamment au Babel Med Music de Marseille et au festival Musiques Métisses d’Angoulême), ainsi qu’au Marché des musiques Atlantic Music Expo au Cap Vert.
Sur scène, Labelle habite sa musique et la concentration prend des allures de profondeur méditative à laquelle le public est invité ... jusqu’à se laisser aller à la danse, voire à la transe, si le cœur lui en dit.
Cette transe, ce lien au mystique et sa volonté de rencontres occupent toujours une place de choix dans les projets qu’il mène aujourd’hui. Avec le SudAfricain Hlasko, aka Néo, Labelle a fondé Kaang, dont le 1er EP sorti en mai 2015 explore la musique des Buchmen. Salué par les médias (Okayafrica, les Inrocks, EP du mois de Trax
magazine...), Kaang se voit programmé aux Transmusicales de Rennes pour trois dates en décembre 2015.
Après une résidence en Inde avec le musicien Prakash Sontakke en 2015, Labelle planche également sur un ciné concert, « Duvidha », avec le collectif Constellation.
Son deuxième album est attendu pour le début d’année 2017.
En architecte de ponts sonores, Labelle dessine un monde sans frontières spatiales et temporelles où règne l’émotion.
Isabelle Kichenin
Discographie
Thraces, Thraces, création collective, Eumolpe Records, 2012.
Labelle, Ensemble, 1er album solo, Eumople Records, 2013.
Yakaza, Gen, remix du titre Çiğ, A.K. Müzik (Turkie), 2014.
Yakaza, Gen Remix EP, remix du titre Çiğ, CrossPoint (Japon), 2014.
Aron Ottignon, Starfish EP, remix du titre Rivers, A.Ottignon/Universal, 2015.
KAANG, Kaang, EP en duo avec Hlasko, Eumolpe Records, 2015.
Art Melody, Moogho, création du titre Na Kiend Songo, Tentacule Records, 2015.