concert
CONCERTS 2011
en France
4/08/2011 ST FLORENT (CORSE)
Festival Porto Latino (France)
6/08/2011 SAINT NAZAIRE / Les Escales de St Nazaire (France)
29/08/2011 CRATO
Festival do Crato (Portugal)
biographie
C�était il y a un siècle déjà. En janvier 1999, Gotan Project entamait son retour vers le futur. Celui du tango, alors rangé aux rayons des us et usages délavés. Du passé, dépassé ? Un temps. Il faut que jeunesse s�y fasse. En 2001, « la revancha del tango » s�impose sur le dance-floor et impose un nouveau son. Une marque de fabrique souvent photocopiée, jamais égalée. Le succès sur disque se transforme en triomphe sur scène. Tant et si bien qu�en 2006, le trio signe une suite, « Lunático », hommage explicite à Carlos Gardel, et plus largement à tous les héros du tango dont bien sûr Astor Piazzolla.
Janvier 2009� Dix ans après, un millénaire plus tard, Gotan Project reprend les chemins du studio, fidèle aux principes fondateurs : une volonté de transgresser les codes du tango pour d�autant mieux les sublimer. Ce sera « Tango 3.0 », un titre qui en dit long sur les intentions, comme pour confirmer qu�à l�heure où la vaste toile tisse des croisements en tout genre, cette matière première demeure un formidable sujet d�explorations sonores. « Tango 3.0 », le troisième album de Gotan Project, étend ainsi toujours plus loin le domaine des possibles, trace à dessein des pistes insondées, voies parallèles et chemins détournés, où la mélodie demeure le fil inducteur de ces singulières expérimentations. Cette fois, Eduardo Makaroff, Philippe Cohen-Solal et Christoph H. Müller ont choisi la méthode inverse : « Partir d�ailleurs pour en revenir au tango ». Tango et cumbia, ska et marcha, country et milonga, groove et chacarera, dirty sound et tango� Les hybridations les plus improbables sont possibles.
Parmi toutes, le blues est celle qui donne sa couleur fondamentale à « Tango 3.0 ». Dès l�emblématique ouverture intitulée « Tango Square », référence explicite au Congo Square de La Nouvelle Orléans. La connexion prend tout son sens, cristallisé par le son poisseux de l�Hammond B 3 de Dr John, grand sorcier des claviers, et le swing d�un brass band au grand complet. Les cuivres, rarement conviés dans le tango, occupent d�ailleurs une place de choix dans « Tango 3.0 », rappelant que la clarinette fut d�usage aux premières lueurs de cette musique-monde. Celle dont joue le facétieux Melingo sur « Tu Misterio », un slow collé serré, l�un dans l�autre� Le rockeur de charme n�est pas la seule voix conviée dans ce festin de sons. Il y a l�écrivain Julio Cortázar, timbre d�outre-tombe, qui récite un passage de son livre totémique, la « Rayuela », texto « La Marelle ». Des paroles ludiques pour une parabole philosophique autour de ce jeu d�enfant. Un autre poète, le tout aussi surréaliste Víctor Hugo Morales, tonne sur « La Gloria », un hymne de stade ! Le commentateur numéro un des matches de foot s�y lance dans une improvisation où sa voix dribble entre les musiciens de Gotan Project : du bandonéoniste Nini Flores à la violoniste Line Kruse en passant par le pianiste et arrangeur Gustavo Beytelmann, les piliers de l�équipe� « GOOOOOOOTAN ! », avec une salutaire pointe d�autodérision.
Nul doute, « Tango 3.0 » pousse encore plus loin le pitch : la rénovation du tango, de tous côtés et quitte à en déborder, sans jamais prétendre en faire le tour définitif, mais toujours avec ce subtil parfum d�ambiguïté. En créant tout à la fois des chansons au format pop et des instrumentaux savamment orchestrés, Gotan Project outrepasse le carcan dans lequel certains avaient cru bon de les confiner. Si l�électronique et le tango restent plus que jamais les deux matrices, il serait néanmoins vain de réduire Gotan Project à cette formule. Aujourd�hui, comme hier, il s�agit avant tout de raconter des histoires, celles éternelles de l�imaginaire tango, des amours troubles pour de tranchantes allégories, des chevauchées « cinématiques » qui en appellent à l�âme des gauchos� Et au-delà, celle de tout un pays, l�Argentine. Version désenchantée quand Cristina Vilallonga (dé)chante la « Desilusión », qui suivit le krach de 2001 : un tiers de la population plongera sous le seuil de pauvreté. Vision tragique d�un monde, le nôtre, lorsque sa voix se glisse dans un mégaphone et sur un minimal beat des plus sombres pour dénoncer le « Mil Millones » d�affamés qui peuplent la planète, citant au détour d�une phrase l�illustre Enrique Santos Discépolo. Versant mélancolique enfin, avec la mélodie qui conclut ce nouveau disque : « Érase una vez »� « Il était une fois », l�Argentine de l�âge d�or, El Dorado de tous les exils, melting-pot d�où surgira une bande-son aux lettres capitales : tango.