décédé le 30 Mars 2016
Gianmaria Testa est décédé le 30 Mars 2016
Reportage à Marseille , au Babel Med Music 2014
Prix Babel Med Music et Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur : Gianmaria Testa et Rabih Abou-Khalil remis par Michel Vauzelle
BIOGRAPHIE
Gianmaria Testa est né en 1958. Il vit à Cuneo, petite ville du Piémont proche de la frontière française. Issu d’une famille de paysans dans laquelle, autant qu’il se souvienne, tout le monde chantait, et lui aussi, il apprend seul la guitare, compose ses premières chansons et intègre des petits groupes de rock. Mais il s’aperçoit vite qu’il préfère chanter en solo.
En 93 et 94 il remporte le Premier Prix du Festival de Recanati (un des rares festival en Italie pour la découverte de jeunes auteurs-compositeurs) et c’est pendant la deuxième édition de ce festival, en 94, qu’il y rencontre une productrice française, Nicole Courtois, qui, en 95, décide de produire elle-même le premier album de Gianmaria Testa : Montgolfières (Label Bleu). Gianmaria a alors 37 ans.
Une belle voix sourde pour dire un monde de vent et de mémoire, de terre et de brouillard, d’objets qui volent d’un ciel à l’autre et de femmes dans les gares (Le donne nelle stazioni) qui s’en vont au bras d’un autre sans se retourner. Le tout porté par des mélodies limpides, un univers musical aussi personnel que mélangé - tango, bossa, habanera, jazz - et une écriture dépouillée, pure et simple comme un dessin au trait qui dit la beauté sans fioritures.
Formidablement accueilli, le disque est suivi d’un passage remarqué au New Morning en février 96. On y découvre une présence attachante et un fabuleux plaisir de jouer, partagé par des musiciens haut de gamme : David Lewis (trompette), Jon Handelsman (saxo, clarinette), François et Louis Moutin (contrebasse et batterie), Leonardo Sanchez (guitare), René Michel (accordéon, piano).
Le deuxième disque, Extra-Muros, sort en octobre 96 pour le nouveau label chansons de Warner Music France, Tôt ou Tard, dont c’est la première signature.
La voix et les musiques portées par la plupart des musiciens du New Morning et enrichies de cette aventure, gagnent en liberté. Sur des rythmes lancinants de jazz, des éclats de fanfares, des solos de piano et des presque-silences, Gianmaria Testa nous parle de la difficulté à distinguer le jour de la nuit (Il mio gallo), d’une femme à découvrir (Come un’ America), du paradis qui n’est jamais pour les pauvres (La ca sla colin-a), et du jour où il ira là-bas, tout près du point où le fleuve caresse la mer (Il viaggio). Et quand il chante l’amour, c’est avec des images on ne peut moins convenues ou racoleuses - ton amour, amour, est une châtaigne, brûlante sur les lèvres et sur les mains, qui réchauffe un dimanche et rassasie (Extra Muros).
Un deuxième disque n’est jamais facile. On l’attend au tournant et le chanteur a toutes les raisons d’avoir peur. C’est pourtant tranquillement que Gianmaria Testa a confirmé en l’élargissant, son talent.
Cinq mois après la sortie d’Extra Muros, Gianmaria se présente à l’Olympia. C’est un des derniers chanteurs à passer dans cette salle magique avant sa destruction / reconstruction.
C’est surtout une ponctuation primordiale dans sa jeune carrière : depuis 2 ans, en effet il s’est passé tant d’évènements pour cet Italien qui a - complètement par hasard - commencé sa carrière en France. Et tous ceux qui le connaissent par ses deux premiers albums ou pour l’avoir vu sur scène, si sincère, serein et naturel, savent que cet artiste avance à pas tranquilles et sûrs.
Ce concert à l’Olympia a servi aussi à révéler Gianmaria Testa dans son propre pays. Toute la presse italienne, totalement surprise, a été unanime. Elle a salué le talent de ce compatriote, le reconnaissant comme un des plus grands "cantautore " de son pays.
Après, Gianmaria Testa a tourné en France, en Italie, au Portugal et au Canada. Une centaine de concerts, de clubs en grands théâtres, qui se sont presque tous terminés par des standings-ovations.
Il a ensuite enregistré son troisième album Lampo (sorti en février 99). Cet album a été réalisé en Italie et en France. " Lampo " veut dire " éclair ", celui du tonnerre ou de l’appareil photo. Un instant lumineux qui s’imprime indélébilement au fond de la mémoire. Lampo raconte les amants de Rome, la lune ou l’arbre à pain, la poussière de craie que l’on met devant sa porte pour y déceler les traces d’une visite (Polvere di gesso). Pour la troisième fois, la presse n’a qu’une seule voix. Ce troisième album est magnifique, libre, mâture, calme et swinguant, sans esbroufe, hors temps, aussi lunaire que terrien.
Pour Lampo, Gianmaria a invité quelques musiciens amis à mettre leur " personal touch " sur certains titres : Glenn Ferris sur " Petite reine " et " Lampo ", Vincent Segal sur " Lucia di notte " et sur " Comete ", Riccardo Tesi et Rita Marcotulli sur " Gli amanti di Roma ". Sinon , fidèle par essence, c’est sa formation "de base" dirigée par David Lewis qui occupe le terrain. Pour couronner le succès artistique de cet album, Gianmaria revient à ses premières amours en donnant cinq concerts au New Morning du 16 au 20 mars.
La fin de l’année 99 est consacrée aux concerts en France, avec une nouvelle formation en quartet : Gianmaria est accompagné de René Michel (piano, accordéon), Leonardo Sanchez (guitare) et Roberto Tormo (contrebasse).
Il se produit quelquefois en duo avec Pier Mario Giovannone, jeune guitariste virtuose italien.
Trois disques en quatre ans. Il faut dire qu’avant d’entrer pour la première fois en studio, Gianmaria Testa avait accumulé un impressionnant répertoire. Et que son inspiration ne s’est jamais tarie.
Les mois de Fevrier et Mars 2000 sont consacrés à une tournée italienne.
La chanteuse israélienne Noa invite Gianmaria pour la première partie de ses deux concerts à l’Olympia les 25 et 26 Avri et 21 mai.
Le deuxième semestre 2000 est très important pour Gianmaria Testa.
Il enregistre en Italie un album Il Valzer di un giorno (la Valse d’un Jour).
Ce disque est on ne peut plus minimaliste : une voix et deux guitares. C’est un vieux rêve pour Gianmaria que d’enregistrer des chansons largement rodées sur scène pour en retrouver leur essence première. Il voulait qu’elles soient telles qu’il les avait créées, avec toute l’émotion que cela avait déclenchée en lui. Il a réussi. Avec le jeune guitariste Pier Mario Giovannone (qu’il parraine depuis ses premiers pas musicaux) Gianmaria a réalisé un disque qui sera très marquant dans sa carrière. Treize titres, dont deux inédits (Piccoli Fiumi et Il Valzer di un giorno) ponctués par cinq courts poèmes de Pier Mario. Une émotion, une présence, la plénitude du son, seulement de l’essentiel pour ces chansons qui signent l’identité de Gianmaria TESTA.
Le CD est produit (pour la première fois) en Italie et il est distribué par un réseau qui n’existe pas en France, les kiosques à journaux. Des concerts organisés dans des beaux théâtres des principales villes italiennes, Rome, Florence, Naples, Turin, Bologne, et voilà Gianmaria Testa reconnu enfin dans son propre pays.
20.000 CD édités, 20.000 vendus en une semaine. Un nouveau pressage est commandé d’urgence. Pendant ce temps là, Alain Raemackers, label manager du Chant du Monde/Harmonia Mundi, lance une collection de livres-disques dédiée aux chanteurs poètes, et inaugurée par Léo Ferré.
C’est La Valse d’un Jour de Gianmaria Testa qui devient le second opus de cette superbe collection. Pour cette occasion, Gianmaria ponctue son album d’un poème, La plage du prophète, que son ami l’écrivain Jean-Claude Izzo lui a donné juste avant sa mort.
La Valse d’un Jour sort le 8 mars et est présenté sur scène à Paris, au Café de la Danse, en duo avec Pier Mario Giovannone.
2002 est consacrée aux concerts sera, 50 en France et 60 en Italie où Gianmaria Testa fait des fécondes rencontres avec des artistes italiens comme Paolo Fresu, Rita Marcotulli, Riccardo Tesi, Enrico Rava, et collabore de plus en plus souvent avec eux pour des créations collectives.
La Valse d’un Jour est un beau succès qui arrive à plus de 80.000 copies vendues
Le premier album de Testa, Montgolfières est remasterisé (son plus ouvert, plus prèsent) et ressort le 12 décembre 2002 au Chant du Monde avec des photos de Bruno Garcin-Gasser. A la demande de plusieurs pays, il est prévu, pour dans quelques mois, une version du livret avec les paroles traduites en quatre langues : italien naturellement, français, allemand et anglais.
Huit ans après, il sort son 5ème CD, Altre latitudini, enregistré en Italie et distribué avec Le Chant du Monde Harmonia Mundi en toute Europe, Canada et Etats Unis.
Après son superbe album, La Valse d’un Jour, duo guitare-voix, on ne peut plus minimaliste, Gianmaria Testa a eu envie de renouer avec une belle diversité de sons. Il a demandé à Piero Ponzo les arrangements de cordes et de cuivres (c’est déjà lui qui avait écrit ceux du premier album, Montgolfières).
Altre latitudini (Autres latitudes) reste acoustique, juste pimenté de guitares électriques. « Latitudes » n’est pas pris ici dans le sens géographique, mais dans celui plus rare, de cœur.
Quatorze chansons pour cet album, à vrai dire presque toutes chansons d’amour, parfois baignées de mélancolie (Juste pour te dire non, Comme la pluie, Rien que des fleurs), ou colorées d’humour (Voix de combat, Touareg, Dans le cinéma).
Il y a aussi deux chansons non écrites par Gianmaria, Le coquillage, joli poème de Pier-Mario Giovannone, le jeune guitariste complice depuis le début de l’aventure, et Na stella, écrite en napolitain par Fausto Mesolella, le compositeur habituel du groupe Avion Travel et que Gianmaria interprète en duo avec la pianiste Rita Marcotulli.
Altre latitudini est le 5ème album des maturités : celle de la voix, plus expressive que jamais, celle des textes, toujours sobres et appelant à l’imaginaire et celle des musiques dont les mélodies sont de plus en plus dessinées.
Une importante tournée en Italie, France (où le disque a été présenté pour une semaine au Café de la Danse), Allemagne, Autriche, Canada (et prochainement aux Etats Unis) a suivi la sorti de Altre Latitudini..
Pour la fin d’octobre 2005 est prévue la sortie, toujours avec Harmonia Mundi Le Chant du Monde, d’une nouvelle édition complètement remasterisée de l’Album Extra-Muros, désormais introuvable.
A trois ans de Altre Latitudini, est sortie, dans l’octobre 2005, Da questa parte del mare, un veritable un tournant dans la carrière de Gianmaria et ce sous plusieurs aspects . Il s’agit d’un « album concept » totalement dédié à un seul sujet, comme si l’album était un roman et les chansons plusieurs chapitres qui, tous ensembles, racontent une histoire. Ce thème, un fil rouge qui coud et relie toutes les chansons ensemble, est celui des "migrations modernes". Une réflexion poétique, ouverte et sans démagogie à propos des importants mouvements migratoires de ces peuples qui traversent nos années. A propos des raisons -souvent contraignantes- du départ, à propos de la décision -souvent empreinte de souffrance- de traverser les déserts et la mer, à propos de la signification des mots "terre" ou "patrie" et à propos du sentiment de déracinement qui accompagne toujours le fait de se déplacer, quelque soit la latitude.
Produit par Paola Farinetti pour Produzioni Fuorivia sous la direction artistique de l’américain Greg Cohen. Bill Frisell est un special guest du cd, avec les musiciens qui jouent avec Gianmaria depuis toujours : Gabriele Mirabassi, Enzo Pietropaoli, Piero Ponzo, Philippe Garcia, Claudio Dadone, Luciano Biondini