décédée le 24 Juin 2013
Dominique Constanza, née le 29 avril 1948 à Paris, est décédée le 24 Juin 2013
communiqué
La Comédie-Française a la tristesse de vous annoncer le décès de Dominique Constanza
Dominique Constanza, le doyen de la troupe, nous a quittés ce matin. La nouvelle est si terrible, si brutale, si injuste qu’elle étouffe nos larmes.
Dominique était une actrice unique, inclassable. À dix-huit ans déjà elle était sur les planches y jouant chaque soir une part de sa vie car ce métier l’a sauvée de son enfance autant qu’il la lui a prise !
Elle fut ma partenaire souvent et j’ai eu la chance de jouer à ses côtés Turcaret, Les Grelots du fou ou Les Bonnes de Jean Genet. Autant de registres différents qu’elle incarnait avec grâce, après avoir été la jeune première sublime de la troupe, la belle Sylvia de Marivaux, en robe blanche, ou la Youlia des Estivants.
Passant avec virtuosité de la comédie à la tragédie ou au drame, elle nous laisse l’image d’une actrice immense. Jean-Luc Boutté, Jean-Paul Roussillon, Jacques Lassalle, Antoine Vitez, Claude Régy la mirent en scène avec bonheur. Plus récemment avec Catherine Hiegel et Jérôme
Deschamps, elle renouait avec ses prix de comédie obtenus au Conservatoire. J’ai eu le plaisir de la mettre en scène dans Chat en poche profitant de ses talents comiques qui lui donnaient des airs de feu follet. Elle habitait le plateau de façon toujours inattendue et ses réponses d’actrice, fulgurantes et géniales, prenaient des airs d’enfant...
Dominique était un ange et ses grands yeux d’oiseaux lui donnait un regard doux et aimant sur le monde. Elle avait une pureté d’âme que les brutalités de la vie heurtaient trop souvent. Elle semblait marcher sur terre en l’effleurant et cela lui donnait une présence époustouflante, peuplée de silences en perdition. Elle a offert sans retenue tout son cœur à son métier d’actrice.
Hervé Van der Meulen, son mari fut à ses côtés toujours avec une fidélité absolue et généreuse. Je pense à lui et à Guillaume, le fils de Dominique. La troupe et l’ensemble des personnels de la Comédie-Française se joignent à moi pour leur témoigner toute notre affection.
Hier encore elle jouait la baronne dans Un Fil à la patte et réjouissait des salles entières. Elle nous manque et marquera l’histoire de la maison comme une grande actrice inoubliable, comme un doyen généreux et si sensible. Surtout elle nous manque comme amie.
Muriel Mayette, administratrice générale
Biographie
Entrée à la Comédie-Française le 1er novembre 1973, Dominique Constanza en devient la 465e sociétaire le 1er janvier 1977 et doyen en janvier 2010.
Après avoir suivi les cours de Raymond Girard, elle est reçue au Conservatoire national supérieurd’art dramatique en 1972 où elle parfait sa formation de comédienne dans les classes de Maurice
Jacquemont et de Jean-Laurent Cochet, et travaille chez Antoine Vitez.
Elle obtient deux fois le 2e prix de comédie classique et de comédie moderne, et une fois le 2e prix de théâtre étranger.
Au cours de sa carrière à la Comédie-Française, elle interprète de nombreuses héroïnes de Marivaux, telles Silvia dans La Double Inconstance, Lisette dans Le Jeu de l’amour et du hasard,
Jacqueline dans La Surprise de l’amour, une insulaire dans L’Île de la raison, Corine dans Le
Triomphe de l’amour, et de Molière, telles Mariane dans L’Avare, Cathau dans La Jalousie du
barbouillé, Henriette dans Les femmes savantes, Charlotte dans Dom Juan ou encore Élianthe et
Célimène dans Le Misanthrope, Anna Petrovna dans Ivanov. Elle joue aussi la Baronne dans
Turcaret d’Alain-René Lesage, Valentine dans La Paix chez soi de Georges Courteline, Lisou
Jackara dans Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht, Elena dans Oncle Vania de
Tchekhov, Adèle dans La Navette, Clotilde dans La Parisienne et Veuve ! d’Henry Becque, Claire
dans Les Bonnes de Genet, Marthe Pacarel dans Chat en poche de Feydeau. Plus récemment, au
cours des années 2000, elle interprète Lady Utterwood dans La Maison des coeurs brisés de
Bernard Shaw, la Duchesse d’Albuquerque dans Ruy Blas de Victor Hugo, l’Infirmière dans Une
visite inopportune de Copi, Agrippine dans Britannicus de Racine, Signora Assunta La Bella dans
Les Grelots du fou, et Marie-Jeanne Clark dans Bouli redéboule de Fabrice Melquiot.
Dernièrement, elle a interprété Frosine dans L’Avare de Molière, mis en scène par Catherine
Hiegel et la Baronne dans le Fil à la patte de Feydeau mis en scène par Jerôme Deschamps.
À la Comédie-Française elle a travaillé avec Jean-Laurent Cochet, Yves Gasc, Michel Dubois,
Patrice Kerbrat, Jean-Luc Boutté, Jean-Paul Roussillon, Jean-Pierre Vincent, Félix Prader, Paul
Vecchiali, Brigitte Jaques-Wajeman, Claude Regy, Claude Stratz, Lukas Hemleb, Philippe
Adrien, Catherine Hiegel, Antoine Vitez ou encore Muriel Mayette.
Au cinéma, on a pu la voir dans Femmes de personne, réalisé par Christopher Franck et La
Crime de Philippe Labro. À la télévision, on l’a vue notamment dans Alice en enfer de Gildas
Bourdet réalisé par Alain Tasma, et Taxi-Girl de Jean-Dominique de la Rochefoucauld.
Formation
- Cours Raymond Girard.
- Conservatoire national supérieur d’art dramatique, concours 1972, classes de Maurice Jacquemont puis de Jean-Laurent Cochet.
2e Prix de Comédie classique dans le rôle de Colombine de la Surprise de l’amour, Marivaux
2e Prix de Comédie moderne dans le rôle de Elisa Doolittle de Pygmalion, George Bernard Shaw
2e Prix de Comédie classique, au concours de 1973, Louison, Alfred de Musset
2e Prix de Comédie moderne dans le rôle de Irma Lambert de la Folle de Chaillot, Giraudoux
2e Prix de théâtre étranger dans le rôle de Lizzie de La prochaine fois je vous le chanterai, Saunders
Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur.