Concerts
2021
19 Octobre 2021 au Café de la Danse à Paris
Reportage au Café de la Danse à Paris - © Salah Mansouri
© Salah Mansouri
Biographie officielle
DOM LA NENA – “Soyo”
Avec son premier album Ela, Dom La Nena, avait révélé en 2013 la profonde légèreté d’une musicienne volant sans entraves dans le ciel encombré de la chanson. Elle s’y affirmait comme l’un de ces rares spécimens d’hirondelles qui, dans le dessin vif de leurs ritournelles, célèbrent un éternel printemps ; le printemps de ces “golondrinas” qui, tout naturellement,habitent et traversent le monde en chantant. Brésilienne de naissance et Française d’adoption, également passée par l’Argentine au gré de son apprentissage nomade du violoncelle, Dom La Nena imprimait dans son art la foulée d’une existence itinérante, qui du cœur pur de sesmélodies aurait fait son point d’ancrage, son vrai pays d’élection.
Et comme tout, en elle,semblait s’abandonner à la beauté fragile des nuances et des questionnements, elle y racontait aussi du même coup ce qui forgeait le caractère unique de son identité : celle d’une femme progressant à égale distance des sources vives de l’enfance et des flots remuants du déracinement, marquée par la force d’inscription des souvenirs comme par la conscience aiguë du temps qui passe.
Avec Soyo, Dom La Nena tourne aujourd’hui une page, sans renier le moins du monde le premier chapitre de son histoire discographique. Ela, composé dans l’intimité de son domicile parisien d’alors et réalisé dans le home studio de son ami Piers Faccini, avait l’impulsion aérienne d’une échappée, teintée de cette gravité qui accompagne tout retour sur soi. Soyo prolonge ce chemin, tout en le projetant vers des horizons plus lumineux.
“J’ai eu envie d’ouvrir les fenêtres”, explique Dom La Nena, avant d’ajouter avec humour : “J’ai voulu apporter quelque chose de plus joyeux, festif et solaire, un peu moins “salon, rideaux et velours” !”
C’est que, depuis la sortie d’Ela, Dom La Nena a su tirer les bienfaits d’une vie qui, plus que jamais, s’est nourrie de la matière vibrante et enrichissante des voyages et des rencontres.
Poursuivant a à tire-d’aile son destin d’oiseau migrateur, elle a notamment donné plus de 150 concerts en solo, dans des territoires s’étirant de l’Europe au Brésil, en passant par les Etats- Unis. “Ela creusait beaucoup la question du doute, car j’étais alors en recherche. Dans Soyo, l’élément central est le voyage. Il rejoint le premier album sur les thèmes de la distance ou de la saudade, mais sous un autre angle. Le fait de donner tous ces concerts, comme de me produire avec Birds on a Wire (son duo avec Rosemary Standley, du groupe Moriarty), m’a aussi permis d’affirmer davantage mon identité musicale, de travailler différemment l’écriture et les arrangements.
Ce n’est pas le même exercice d’enregistrer des chansons et de les présenter en tête-à-tête avec les gens.”
Cette différence d’approche, aussi subtile que décisive, se ressent dès l’ouverture de Soyo.
Avec sa mélodie alerte, sa rythmique virevoltante d’air à danser et son mille-feuille de chœurs responsifs, La Nena Soy Yo (“La Nena c’est moi”) sonne ainsi comme la nouvelle déclaration d’indépendance d’une musicienne assumant pleinement ses élans, réveillant en elle comme chez l’auditeur cette part d’enfance qui ne demande qu’à s’ébrouer.
Plus loin, dans Juste une chanson, un refrain en français – une première, dans un répertoire que Dom La Nena a coutume de partager entre portugais et espagnol – condense en quelques mots l’esprit serein et affranchi qui court tout au long du disque : “Juste une chanson / Juste un sourire / Je lâche les amarres du navire”.
Comme pour Ela, Dom La Nena s’est adjointe la complicité d’un alter ego pour peaufiner la réalisation de Soyo. Cette fois-ci, c’est le musicien brésilien Marcelo Camelo, ex-pilier du groupe de rock Los Hermanos, qui lui a apporté son sens du détail, sa science sensible et son enthousiasme. “Comme pour d’autres personnes de ma génération au Brésil, Marcelo a vraiment été une idole d’adolescence : je n’aurais jamais pensé travailler avec lui un jour !
Après la séparation de Los Hermanos, il a réalisé deux albums en solo magnifiques, plus intimistes et très latins. Dans sa musique, il arrive à rendre évident le fait que la mélancolie puisse être joyeuse : c’était la personne idéale pour cet album.”
De cette seconde phase exécutée à quatre mains en deux semaines de studio, les chansons de Soyo sont ressorties avec une éclat nouveau, qui doit notamment beaucoup aux touches apportées par Camelo.
Apposant de fines couches de percussions et de batterie, le Carioca a contribué à donner une âme et une respiration plus brésiliennes à la musique de Dom La Nena, exaltant une fibre rythmique profondément ancrée en elle, sans la figer pour autant dans des schémas stylistiques. “Je n’ai pas souhaité consciemment m’affirmer davantage en tant que Brésilienne.
Mais le fait est qu’avec Ela, qui a joué un rôle presque thérapeutique, je me suis sans doute soulagée du poids du déracinement. Dernièrement, j’ai aussi passé pas mal de temps au Brésil, collaboré avec des musiciens ; et, depuis quelques années, les musiques de ce pays restent celles que j’écoute le plus... Je me suis toujours sentie très proche de leurs rythmes, et pourtant je n’avais pas le réflexe de les inclure dans mes morceaux, j’avais au fond une approche assez européenne.
En écoutant les bases que j’avais enregistrées, Marcelo, lui, les a entendus très clairement. On s’est tous les deux beaucoup amusés avec ça en studio, et on a quasiment dû se retenir car on s’est aperçus qu’on pouvait transformer tous les titres en sambas ! Pour moi, c’était très étonnant de voir la couleur nouvelle que pouvaient prendre mes petites chansons, mes petites berceuses...
Ça prenait un autre relief, un autre souffle, et ça collait parfaitement avec mon désir de réaliser une musique qui soit moins refermée sur moi-même.”
Dans Soyo, Dom La Nena continue ainsi de saisir et d’éclairer ces sensations fugitives qui, très souvent, restent impalpables, confinées dans les recoins ombreux de nos souvenirs. Dans la forme circulaire de ses mélodies, ces “petites transes de trois minutes” qui s’élèvent en volutes, c’est comme si elle invitait à la fois à un doux étourdissement des sens et à un plus vif état de conscience. ”
Cette limpidité d’expression, qui ne prête jamais le flanc à la banalité, porte la signature d’une musicienne qui, de son art et de son chant, connaît intuitivement le bon et juste usage.
Quand Dom La Nena referme son album sur El Silencio, composée une nuit d’insomnie dans une chambre d’hôtel, c’est d’ailleurs pour dire qu’elle se sent à la fois prête à placer son existence sous la sage autorité du silence, et à l’en soustraire à chaque fois que son cœur empli de musique le lui dictera.
Exactement comme le ferait une hirondelle, lorsque s’épanouissent en elle le désir de reprendre son vol et la certitude qu’il lui faut à nouveau parcourir le monde en chantant.
https://www.youtube.com/watch?v=BXBKKJU-hKE
https://www.youtube.com/watch?v=Ptg6bq0zBi0
https://www.youtube.com/watch?v=hlT0nvXajvc
site : http://www.domlanena.com
album « Soyo » Sortie le 4 mai 2015