en concert
2022
La voix de l’Angola
le 29 septembre 2022 à LA CLEF à Saint-Germain-en-Laye
30 septembre 2022 CENTRE CULTUREL JACQUES DUHAMEL à Vitré, France
le 1er octobre 2022, Salle Jean Carmet à Murs Erigne
le Jeudi 6 octobre 2022 à Marseille
le vendredi 7 octobre 2022, Le Point Fort à Aubervilliers
le samedi 19 novembre 2022, L’Astrada à Marciac
Reportage à Marseille , pour le Babel Med Music 2012, entretien avec BONGA, extrait de concert , et remise du Prix Babel Med Music, qui récompense des artistes de la musique reconnus pour leur engagement et leur implication dans le milieu des musiques du monde. Au milieu du concert, SOLO SORO, journaliste et animateur de l’émission « L’Afrique enchantée » sur France Inter, monte sur scène et remet le Prix , avec beaucoup d’enthousiasme à BONGA , ému de recevoir cet honneur. Salah Mansouri
BIOGRAPHIE
Bonga est entré à jamais dans le cœur des Angolais voilà près de 30 ans, lorsqu’il entreprit de chanter l’Afrique humiliée, la misère de l’exil et la rébellion face au colonialisme. Précurseur avec Fela Kuti de « l’africanité », il n’a cessé de dénoncer les luttes partisanes et ethniques qui ravagent son pays depuis près de deux décennies.
Jose Adelino Barcelo de Carvalho naît en 1943 à Kipri (Angola). Très rapidement, en accord avec ses convictions politiques, il change son nom « colonial » pour celui plus authentique de Bonga Kuenda, à la fois pour retrouver un certain anonymat mais aussi pour affirmer ses positions identitaires et anticoloniales. C’est un nom africain qui signifie « qui cherche, qui est toujours en avant, en mouvement ». A l’époque Bonga vit dans les bidonvilles, « les musseques », expression qui veut dire « bâtis avec le sable » en kimbudu, langue d’une des principales ethnies du pays.
Bonga commence très jeune son apprentissage musical avec son père, joueur d’accordéon dans un groupe de rebita, la musique des pêcheurs de Ilha de Cabo, un des quartiers pauvres de Luanda. Il commence par jouer de la dikanza, percussion formée par un bambou strié et frappé par une baguette de bois, instrument considéré comme emblématique du retour aux sources. La ferveur et la mobilisation populaire autour de fortes revendications politiques liées à l’occupation coloniale portugaise s’organisent principalement autour de la musique traditionnelle et des récits des anciens. Ce réveil culturel joue un rôle important de rassemblement et de réhabilitation de la mémoire collective.
« Toute la culture angolaise (l’histoire, la langue, la musique) était sous domination portugaise, les langues traditionnelles étaient bannies, les musiques africaines également. Comme on n’avait pas les armes pour se battre, on résistait au niveau culturel en créant notamment des groupes de musique folklorique, en interprétant des chansons qui renouaient avec les formes africaines ancestrales, tout en évoquant clairement dans leurs textes le contexte troublé de l’époque, la misère, la violence coloniale, la révolte latente ».
Inspiré par le semba, (un genre populaire de Luanda, expression locale d’une esthétique musicale « moderne », qui est à la base de la samba du Brésil), Bonga fonde son groupe « Kissueia », nom évoquant la misère des quartiers pauvres, en kimbudu.
Repéré pour ses talents de sportif, il quitte l’Angola pour Lisbonne au début des années 60, et c’est sous le nom de Barcelo de Carvalho qu’il devient recordman du Portugal du 400m (titre qu’il gardera pendant une dizaine d’année). Dans le même temps, sous le nom de Bonga, il s’engage activement pour le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola. Lorsque la police politique portugaise (la terrible PIDE) s’aperçoit que Barcelo de Carvalho et Bonga ne font qu’un, il a juste le temps de s’enfuir pour Rotterdam, où il commence une vie d’exilé. Seul et isolé dans le grand port hollandais, il noue des contacts avec les musiciens de la communauté capverdienne. Conforté par la solidarité de ses « frères », il reprend le travail de composition, et publie le mythique « Angola 72 ». Irriguées par une mélancolie déchirante, les 10 chansons sont le témoignage et la synthèse de son vécu à Luanda. Très vite le disque entre clandestinement en Angola, il circule sous le manteau, devient une sorte de manifeste indépendantiste parmi la population.
« Dans ce disque, dit Bonga, on ressent toutes les émotions qui nourrissaient mon coeur à cette époque là, et les échos des expériences qui ont été décisives pour ma vie future. » On retrouve notamment dans cet album, le titre le plus célèbre de Bonga « Mona Ki Ngi Xica », qui figurera plus tard dans la B.O du film de Cédric Klapisch « Chacun cherche son chat ».
Après Rotterdam, il s’installe à Paris. Bonga s’initie aux claviers, se familiarise avec les sonorités immigrées avec les musiciens de la diaspora africaine. Les douces mélodies de la morna capverdienne, la texture rythmique de la rumba congolaise font désormais parti de son univers. Mis à part ces emprunts, Bonga reste attaché aux sources, se refuse avec énergie à occidentaliser son style. « Angola 74 » est le résultat de tout ce mélange qui élargit l’espace sonore du semba sans en altérer le contenu. Il est l’un des premiers à chanter « Sodade », 18 ans avant que Cesaria Evora ne lui donne ses lettres de noblesse. Bonga enrichit un répertoire qui demeure enraciné dans l’histoire sociale et culturelle d’une terre ravagée par une guerre interminable, mais enfin proche de la paix.
Après quelques années passées en France, il retourne au Portugal où il poursuit une carrière à succès, malgré divers conflits avec des producteurs qui voulaient faire de lui, le « Julio Iglésias » africain. En 2000, Bonga enregistre pour le label parisien Lusafrica un nouvel album dans la lignée des « Angola 72-74 ». Disque événement, « Mulemba Xangola », est unanimement salué par la presse. On retrouve au détour d’une mélodie nostalgique les appels lancinants, les émotions et toutes les préoccupations d’un chanteur qui souhaite que son pays retrouve la liberté et la démocratie.
L’année suivante Lusafrica publie « O Melhor de Bonga », un disque qui rassemble ses plus grands titres (et 3 inédits), et vient saluer une carrière riche et variée. Et en 2003, paraît l’album « Kaxexe ». La voix de Bonga est toujours l’un des plus beaux timbres de l’Afrique. Une voix magique, qui symbolise l’expression de l’exil et parle à notre coeur avec une force inégalée.
Début mars 2005 paraît l’album « Maiorais » - à son propos, le journaliste Bertrand Dicale écrit dans Le Monde de la Musique : «
Il y a dans cette musique énormément d’histoire : le déracinement des cultures rurales traditionnelles, le bouillonnement des banlieues de fortune, la répulsion-attirance pour la culture du colonisateur portugais, les paradoxales richesses culturelles de l’exil Donc au-delà des seuls plaisirs de la tournerie tropicale et parfois avec des parentés flagrantes dans la samba brésilienne ou le kompa haïtien), on entend ici le grand maelström des peuples et des langues qui a fondé notre monde en nuances et en complexité. Et le génie d’un homme, sa voix brisée et puissante, nostalgique et heureuse, son écriture d’une efficacité émotionnelle exceptionnelle, son expression chaleureuse et profonde
Et, pour les amateurs d’accordéon, quelques phrases superbes de mélancolie ensoleillée. »
Le 20 octobre 2008, Bonga sort son nouvel album « Bairro » enregistré entre Lisbonne et Paris, les deux villes où il aime vivre. A 65 ans, idolâtré par une jeunesse qui vient de le découvrir et qu’il appelle ses enfants, Bonga parcourt les scènes du monde en portant toujours avec fierté le rythme semba comme un étendard, étonné et ravi qu’un Christophe Mae lui demande de venir chanter en duo avec lui sur la scène de Bercy, flatté de recevoir des demandes de collaboration pour des duos à paraître prochainement, ou des propositions de remix de son répertoire par des DJ qui pourraient être ses petits enfants. Alors Bonga, quel est ton secret pour rester toujours aussi jeune et vif ?