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Reportage le 8 juillet 2016 à Nuits flamenca d’Aubagne
© Salah Mansouri
Bipolar Belén Maya
Pionnière chez les classiques et classique chez les avant-gardistes. Belén Maya voyage entre tradition et modernité, deux mondes qu’elle apprivoise en repoussant toujours ses limites et celles de la danse.
Mais jusqu’où ?
Bipolar, c’est le nom de votre nouveau spectacle. Bipolaire, c’est une certaine façon pour vous de vivre le flamenco ?
Oui, ce spectacle présenté pour la première fois ce printemps à Málaga (Nerja), reproduit les codes du flamenco classique mais il est intitulé Bipolar parce qu’il prend en même temps une trajectoire particulière, en allant d’un extrême à l’autre de la tradition, y compris jusqu’au contemporain avec de la musique électronique et un DJ en direct. L’idée centrale, c’est de réussir à donner une vision différente d’un palo traditionnel.
C’est-à-dire ?
Les chorégraphies de la partie classique restent dans l’esthétique du mouvement, les codes de mouvement de la tradition. Par exemple je danse sur une guajira avec un grand éventail d’autrefois et des fleurs sur la tête, la totale ! Et puis l’instant d’après, je change complètement de costume, je me retrouve en nuisette blanche agitant de tout petits éventails pour une chorégraphie très personnelle avec des codes complètement différents même si le chant reste le même. Et là, la guajira ne résonne plus vraiment comme une guajira, c’est la partie bipolaire !
Vous parlez de chorégraphie personnelle, est-ce à dire que vous proposez un flamenco intimiste ?
Intimiste, je ne saurais pas dire, mais très personnel, c’est sûr. Les gens savent que je vais leur raconter ce qui me préoccupe dans mes chorégraphies. Je ne suis pas du tout dans l’esprit des grandes compagnies sur des oeuvres inspirées de García Lorca ou autres personnages célèbres. Tout cela sort de mon univers à moi, de mes obsessions, de mon esthétique, de la musique que j’aime. Ce qui m’intéresse c’est de réunir les deux mondes du flamenco traditionnel et du flamenco contemporain que j’ai toujours jusqu’ici présentés séparément dans mes spectacles. Et voir comment je passe de l’un à l’autre et ce qui se passe en moi. Jusqu’à quel niveau peuvent aller mon corps, ma concentration et mes émotions dans cette transition bipolaire.
DISTRIBUTION
Baile : Belén Maya
Chant : Ezequiel Benitez
Guitare : Juan Diego Mateos
Palmas : David Pérez , Vanessa Montero
DJ : Miguel Marín
sources : DP- Festival ARTE FLAMENCO
L’envol de Belén Maya
Avec sa dernière création, « Tres », Belén choisit l’épure, l’essence même du flamenco.
Belén Maya est danseuse de la légèreté, capable de surprenantes métamorphoses, à la fois flamenca d’un autre temps puis danseuse contemporaine sur un éclair vite gommé. Fille de Mario Maya et Carmen Mora.
Formée au classique, au jazz ou aux courants les plus modernes, elle se joue des frontières ou des codes, toujours en quête de territoires neufs où elle impose peu à peu sa personnalité, sa griffe. Flamenca avant tout mais riche de ses ouvertures, sa danse douce, nuancée, peut basculer d’un coup, s’ouvrir grand large, s’enrichir d’éclats imprévus.
Après les triomphes de sa compagnie aux quatre coins du monde (La Diosa en nosotros en 1996, Dibujos en 2006 ou La Voz de su amo en 2007), elle choisit cette fois de célébrer le flamenco pur et brut, le flamenco dépouillé, indémodable.
Tres, ce sont les trois piliers de l’art profond : la voix du cante, le corps de la danseuse et la musique de la guitare.
La voix, c’est celle de Jesús Mendez.
Et la guitare c’est celle du Sévillan Rafael Rodriguez, l’un des plus expérimentés accompagnateurs de la planète flamenca.
Au cœur du cratère, Belén Maya, danseuse prête à l’envol