Hommage à Angélique Ionatos, décédée
2021
Hommage à Angélique Ionatos, décédée le 7 Juillet 2021 aux Lilas à l’âge de 67 ans
Biographie officielle
Angélique Ionatos
Chanteuse, guitariste et compositrice, Angélique Ionatos est née à Athènes qu’elle a quitté à l’âge de 15 ans.
Elle poursuit ses études en Belgique où sa famille s’installe, puis réside en France.
Depuis son premier album « Résurrection » qui a obtenu le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros, la chanteuse a enregistré 18 albums en composant sur des textes des plus grands poètes grecs.
En 1984, elle obtient le Grand Prix Audiovisuel de l’Europe pour la cantate « MARIE DES BRUMES » (« ΜΑΡΙΑ ΝΕΦΕΛΗ ») qu’elle a composée sur le poème scénique homonyme d’Odysseus Elytis, son poète de prédilection, prix Nobel de littérature. Pour cette œuvre, elle sollicite la collaboration du baryton grec Spyros Sakkas avec qui elle retravaillera quelques années plus tard pour « PAROLE DE JUILLET » (« ΙΟΥΛΙΟΥ ΛΟΓΟΣ ») en 1996, l’année de la mort d’Odysseus Elytis.
En 1992, elle compose sur des vers de la poétesse Sappho (7ème siècle a. J-C) et dont l’album « SAPPHO de MYTILENE » obtiendra à nouveau le Grand Prix du Disque. A ses côtés, une autre grande voix grecque , celle de Nena Venetsanou.
Pendant 15 ans, Angélique Ionatos sera artiste associée au Théâtre de Sartrouville. La plupart de ses créations y seront coproduites et présentées au Théâtre de la Ville à Paris, puis en tournée sur les scènes françaises et européennes accompagnée de grands musiciens d’horizon très différents.
En 1995, Mikis Théodorakis lui confie l’interprétation de son œuvre « MIA THALASSA », inédite jusqu’alors. Grâce à ce récital, elle fera une longue tournée au Canada et sera invitée à plusieurs reprises au Festival de Montréal et sur les scènes québequoises.
L’univers atypique et singulier d’Angélique Ionatos lui a valu des collaborations ponctuelles et des créations originales avec des musiciens du monde classique : le baryton Spyros Sakkas , le chef d’orchestre Alexandre Myrat, la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, la pianiste Edna Stern,ainsi qu’avec l’orchestre de la Haute Savoie avec laquelle elle a chanté les Folk Songs de Luciano Berrio et de Manuel de Falla.
En 1997, à l’invitation du Conseil Général des Alpes Maritines, elle compose un opéra pour le jeune public : « LA STATUE MERVEILLEUSE », d’après le conte « Le Prince Heureux » d’Oscar Wilde.
En 2004, création au Théâtre des Abbesses du spectacle théâtral « ALAS PA’VOLAR » sur des textes du journal de Frida Kahlo et sur une musique de Christian Boissel, mis en scène par Omar Porras. Enregistrement de l’album homonyme.
En 2005 elle crée « ATHENES-PARIS » au Théâtre du Châtelet ainsi qu’un nouveau spectacle « EROS Y MUERTE » où elle compose aussi en espagnol sur des poèmes de Pablo Neruda. Suivra l’enregistrement de l’album.
En 2007, elle entame une nouvelle et fructueuse collaboration avec la chanteuse et guitariste Katerina Fotinaki à qui elle demande de reprendre pour quelques représentations, Sappho de Mytilène, qu’elles donneront au Théâtre de Kelber Meleau à Lausanne.
Elles enregistreront ensemble l’album « COMME UN JARDIN LA NUIT ».
Suivi en 2009 de « ANATOLI »
Juin 2012, création d’un spectacle hommage à la Grèce » ET LES REVES PRENDRONT LEUR REVANCHE » créé dans le cadre « Chantiers d’ Europe » au Théâtre de la Ville, avec la collaboration du violoncelliste Gaspar Claus.
Juillet 2013 Festival d’Avignon
« Et les rêves prendront leur revanche » au Théâtre Le Petit Louvre.
2013/2014
Tournée « Et les rêves…. » « Anatoli »
Avril 2014
création théâtrale à la Passerelle de Limoges :
« Stabat Mater Furiosa » de Jean-Pierre Siméon
mise en scène Michel Bruzat
2014/2015 en préparation
un nouvel album (sortie prévue en Septembre 2015)
et deux nouvelles créations
ANGELIQUE IONATOS : EROS Y MUERTE
« Lorsque j’ai pris la décision de mélanger des chansons en trois différentes langues dans cet album, je savais que je prenais le risque que celui-ci ne paraisse hétéroclite. Mais, au fur et à mesure que j’avançais dans le travail de composition, je m’apercevais qu’un dialogue secret se mettait à exister entre les auteurs : c’est comme si Pablo Neruda arrivait à consoler le profond chagrin de Kostis Palamas grâce à ses lumineux sonnets d’amour et qu’Anna de Noailles, en s’appuyant si bien et si fort à la vie, réussissait enfin à laisser l’empreinte de son cœur innombrable sur cette noire « Journée d’Avril » de Kostas Karyotakis. Que quand l’un parlait d’amour, la mort se devinait en filigrane derrière sa passion, de la même manière que sous le lamento de Palamas pour son enfant mort, la vie reprenait ses droits en jetant au loin ses habits de deuil. Amour et mort. Le « miracle des voyelles » dont parle J.R. Caussimon dans la magnifique chanson mise en musique par Léo Ferré « La mort » : il semble que la mort est la sœur de l’amour.
Ces trois langues sont en réalité les trois strates de ma culture : le grec en tant que langue maternelle, le français en tant que langue d’adoption et quant à l’espagnol, elle est la première langue qui a fasciné l’enfant que j’étais. Je la chantais sans la comprendre pour imiter les chanteuses que j’écoutais sur les 33T que mon père marin ramenait de ses voyages en Amérique du Sud. C’était la langue du rêve ; sa musique ressemblait à celle du grec, mais comme je ne la comprenais pas je pouvais l’investir d’un sens imaginaire et totalement fantaisiste. Elle m’offrait la liberté. Le souvenir de cette liberté d’enfant m’a décidé d’être irrespectueuse. J’ai donc mélangé joyeusement les chansons sans tenir compte d’une éventuelle « cohérence linguistique ».
« SABRAS que no te amo y que te amo » ouvre l’album. Les cinq chansons en espagnol sont toutes composées sur les poèmes de P. Neruda extraits du recueil « Cien sonetos de amor » (La centaine amoureuse), tous dédiés à sa femme Mathilde. J’avais commencé à les composer il y a trois ans à l’occasion du spectacle (suivi du CD) « Alas pa’volar » et j’ai continué pour un hommage à Pablo Neruda en Mai 2004 créé à Montpellier.
Les chansons « ISSIHA KE SIGALA » (Doucement, tranquillement), « O MAVROS KAVALARIS » (Le Chevalier Noir) et « TO STERNO NANOURISMA » (La dernière berceuse), je les ai composées sur les poèmes de Kostis Palamas (notre Victor Hugo grec). Elles parlent de la mort de son jeune enfant. Les deux premières forment une suite musicale.
La chanson « MERA T’APRILI » (Jour d’Avril) parle de l’exécution d’un résistant grec Athanassios Diakos.
C’est à nouveau Kostis Palamas qui est l’auteur du texte « TAGIOKLIMA » (Le Chèvrefeuille). C’est un poème d’amour d’une magnifique tendresse, mais aussi d’un érotisme caché (à peine) où le poète voudrait être le chèvrefeuille qui grimpe et fleurit sous la fenêtre de sa bien aimée. K.Palamas écrivait en rimes et j’avoue ma grande frustration de ne pouvoir faire de même pour la traduction française, ce qui enlève une grande partie de la musicalité du texte original.
Anna de Noailles, et l’incandescence de son « EMPREINTE » m’ont offert un magnifique épilogue. Son arrogance, « le cri strident » de son désir de vivre, avaient beaucoup ému l’adolescente que j’étais lorsque j’ai lu pour la première fois ce poème. Il a vécu tout ce temps en moi, et a fini par trouver sa musique dans ma tête mais surtout dans mon cœur.
Angélique Ionatos
angelique-ionatos.com/