le PRINCE DU SANTOUR
RAHUL SHARMA / le PRINCE DU SANTOUR
DIMANCHE 21 NOVEMBRE 2010 17H au THÉÂTRE DE LA VILLE
C’est l’histoire d’un jeune garçon sous influence paternelle. Aussi loin
qu’il se souvienne, la maison de son enfance était un espace vibrant de
musique. Celle du santour, cristalline, rayonnante, divine.
L’instrument de son père, Shivkumar Sharma, une sommité de la
musique savante indienne, célèbre à travers le monde entier.
Dans le sillage de son propre géniteur, Uma Dutt Sharma, Shivkumar Sharma a adapté cette cithare de forme trapézoïdale frappée avec de fines baguettes en bois et jouée traditionnellement dans les cérémonies
soufi au Cachemire, aux techniques de la musique hindoustanie.
L’origine du santour remonte à des temps pour le moins très anciens,
comme l’attestent des écrits sumériens et araméens qui y font allusion.
Cousin du qanoun arabe, on dit également de lui qu’il serait l’ancêtre
du cymbalum des Tsiganes d’Europe, dont les lointains ancêtres sont
partis d’Inde.
FAIRE CHANTER LE SANTOUR
Quand son père s’est mis en tête de lui transmettre son savoir de cet
instrument rural d’origine persane, Rahul Sharma ne s’est pas fait prier. « Le son du santour me fascinait », raconte le jeune musicien, né en 1972.
L’envie de faire chanter les cordes démangeait le gamin qui piaffait d’impatience en attendant que son père veuille bien lui accorder l’instrument, pour qu’il puisse enfin jouer ? Jingle Bells ou quelque autre comptine.
Rahul Sharma commence à s’attaquer à un répertoire plus sérieux autour de 15 ans. « Avoir comme maître son propre père est une chance inouïe, confie-t-il aujourd’hui, car vous l’entendez jouer sans
arrêt, vous êtes imprégné. Et puis vous n’avez aucune timidité pour lui
poser toutes les questions sur la manière de maîtriser et d’accorder l’instrument. » Ah, l’accordage du santour !
Ce n’est pas une mince affaire ! Près de cent cordes à faire chanter juste,
ultrasensibles au moindre changement de température, cela demande nécessairement du temps, beaucoup de temps. Mais quand vient l’accord parfait, que de bonheur alors ! « Le santour exprime toute
la gamme des sentiments, de la joie à la tristesse. Sa sonorité romantique, étincelante de lyrisme, me relie à la nature, aux montagnes et à l’eau claire des cascades ».
Rahul Sharma commence sa carrière en jouant avec son père, devant des publics de plus en plus étonnés et charmés par sa maîtrise, sa musicalité, son invention. Un talent époustouflant qui l’entraîne
naturellement sur le chemin d’une carrière de soliste. Le fruit finit
toujours par se détacher de l’arbre ?
Rahul Sharma devient l’autre grand nom du santour, un musicien
accompli, aussi à l’aise dans la transmission de son héritage classique que dans des expériences de fusion pouvant déconcerter. Il rêve d’un santour électronique et avoue prendre un immense plaisir à
dialoguer en duo avec le pianiste français Richard Clayderman.
Plutôt du genre actif que contemplatif, Rahul Sharma enchaîne les
enregistrements. Il revendique une cinquantaine d’albums, dont le dernier, Rhythm Of Love sorti récemment, est la restitution d’un concert à San Francisco, avec Zakir Hussain : « J’adore cet exercice du disque
fait en public. C’est un challenge très excitant.
En studio, vous pouvez prendre votre temps, revenir en arrière, rejouer un passage qui ne vous convient pas. Sur scène, vous n’avez pas
le droit à l’erreur ». Et l’enregistrement en public permet aussi de
capturer ce sublime et fragile instant qui arrive quand la musique s’arrête, juste avant les applaudissements : « Le plus
beau, le plus troublant des silences », pour Rahul Sharma.
Patrick Labesse
THÉÂTRE DE LA VILLE
2 pl. du châtelet Paris 4
tel. 01 42 74 22 77