par S. Donval, Professeur à la Faculté des Sciences et au Conservatoire de Musique à Casablanca, Docteur d’Etat es-Sciences Physiques et Prix de thÚse CNRS 1987), pianiste et luthiste.
Cet ouvrage présente une étude acoustique de la théorie musicale, et de son évolution depuis la Grèce Antique jusqu’à nos jours.
Il explique comment les principaux styles de musique de toute la planète (occidental, arabo-oriental, hispano-mauresque, indien, et sino-japonais), quoique différents en apparence, se ressemblent dans le fond, et se basent sur la même Théorie, elle-même régie par un ensemble de lois physiques.
En conséquence, la musique occidentale et ses 2 modes majeur et mineur n’a rien d’universel, et a réussi à s’imposer au reste du monde pour des raisons autres que musicales.
Le noyau de la Théorie Musicale est le fameux Cycle des Quintes (couverture et page39) qui est à la base de la construction de l’échelle musicale. Il est attribué en Occident à Pythagore, savant grec du 6ème siècle avant J.C., mais Pythagore l’a apporté de Mésopotamie en Grèce ; de là il a été transmis à Rome, Byzance et le reste de l’Europe.
D’après H. G. Farmer, orientaliste et musicologue, les arabes ont acquis l’échelle musicale directement à la source, en Mésopotamie (càd sans passer par les grecs, page147), le formalisme théorique viendra plus tard avec la traduction des traités grecs. Au début du 9ème siècle le calife abbasside Al Mamoune a créé Dar Al Hikma, mais en fait c’était une vraie machine à traduire ( page147).
On traduisait à tours de bras des traités de philosophie, de sciences, et de musique : H. G. Farmer a trouvé les traces de la traduction d’un écrit de Pythagore (page45 et page147), alors qu’on admet en Occident qu’il n’a pas laissé d’écrit.
Les grands traités de Théorie Musicale sont apparus peu de temps après, au 9ème et 10ème siècles, rédigés par Al Kindi, Al Farabi, Avicenne (et plus tard Safyouddine Ormaoui), Erlanger les a traduits dans son colossal ouvrage de 6 volumes "La Musique Arabe".
Pendant plus d’un millénnaire, tous les peuples du Moyen-Orient ont pratiqué la même musique, seules les paroles pouvaient changer. Les divergences ont commencé en gros à partir du 8 ème siècle.
Les arabes (et les orientaux d’une manière générale, chrétiens compris) ont continué dans la voie mélodique (ou monodique), avec l’apport des perses et l’emploi intensif du quart de ton, ce qui a abouti à la conception d’un très grand nombre de modes (ou maqams), enrichis tout au long de l’Histoire et provenant des différents peuples de l’empire arabo-musulman (perses, turcs, kurdes, ouzbeks, azeris, mogols indiens, et même ouigours chinois).
En Europe, vers l’an 1000 De Arezzo établit la forme définitive de l’écriture musicale et élimine par la même occasion le quart de ton hérité des grecs (page 11). L’influence de l’Eglise Catholique (conjuguée avec les défaillances commises par des théoriciens maladroits) a été à l’origine de la disparition des 7 anciens modes médiévaux.
On n’a gardé que le majeur au 16 ème siècle, le mineur réapparaîtra au début du 17ème siècle (les russes et l’Eglise Orthodoxe ont continué à utiliser les anciens modes médiévaux, page167).
La musique arabo-orientale bénéficie d’un très grand nombre de modes, qu’on commence à utiliser progressivement en Occident depuis qu’ils ont été découverts par Bartok aux alentours de 1900 dans le folklore hongrois, très influencé par plusieurs siècles de présence ottomane.
Au début 9ème siècle, le jeune Ziriab, chassé par ses rivaux de la Cour Abbasside, s’installa en Adalousie. Il joua un grand rôle dans la naissance de la musique arabo-andalouse (ou hispano-mauresque, page155) : synthèse des musiques de l’Espagne médiévale et de celle apportée par les arabes d’Orient.
Tolède était le siège d’un collège de traducteurs (d’arabe en latin) fondé par Raymond, Archevèque de Tolède, en 1130 ( page76). L’influence arabe sur la musique en Europe est un sujet rarement traité par les musicologues.
La sortie du livre de Ribera y Tarrago "La musica arabe y su influencia en la española" en 1927 a soulevé une vive polémique entre partisans et opposants ( chap IX). Alexis Chottin (ancien directeur de Conservatoire au Maroc) explique bien l’influence de la musique arabo-andalouse en Espagne chrétienne et dans le Midi de la France (page11), la meilleure preuve en est le succès qu’a eu le luth dans toute l’Europe : instrument arabe (al’oud) venu d’Orient, il a transité par l’Espagne (laud) et le Sud de la France et a donné les termes luth et lutherie.
Serge DONVAL
"Histoire de l’Acoustique Musicale", Editions Fuzeau, par S. Donval (pseudonyme), Professeur (marocain) à la Faculté des Sciences et au Conservatoire de Musique à Casablanca, Docteur d’Etat es-Sciences Physiques et Prix de thèse CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique, 1987), pianiste et luthiste.
Auteur : DONVAL Serge
ISBN : 9 782841 691524
Editeur : Fuzeau
BP 406 BRESSUIRE CEDEX